Retour sur la période 2 avec les mascottes

Publié le par Bébert & Cie

Si en période 1 (de la rentrée de septembre aux vacances de Toussaint) l'accent avait été mis sur la présentation des mascottes auprès de mes petits élèves, en cette seconde période (de la rentrée de Toussaint jusqu'aux vacances de Noël) j'ai pu travailler avec.

 

A ce jour, deux mascottes sont en piste :

- Filo le hibou avec un élève de CP qui souffre d'un trouble envahissant du comportement et troubles autistiques. 

- Juliette la mouette avec un élève de CE1 qui souffre d'un (énorme) retard mental qui rend impossible les apprentissages de son niveau et qui lui cause des (énormes) troubles affectifs et émotifs.

 

Au départ, chaque mascotte avait son cahier pour transiter de l'école à la maison. J'avais commencé à coller des photos de mise en situation et à relater quelques sorties que les mascottes avaient fait avec moi, de sorte que les familles aient un exemple pour le remplir à leurs tours. 

 

J'ai très vite abandonné l'idée avec mon élève de CE1 car trop de problèmes familiaux pour ramener, et la mascotte et le cahier chez lui. Sa mouette reste donc en classe. Elle l'aide à gérer ses émotions et à lui apporter la douceur, la tendresse et l'amour dont il est privé chez lui.

En l'espace de 3 mois, cet enfant s'est métamorphosé. En début septembre, il ne gérait aucune émotion. A la moindre petite frustration il partait en de violentes crises, se roulant au sol et criant en pleurant. Il ne vivait que par le jeu vidéo. Quand il devait écrire son prénom, il écrivait son pseudo, il ne savait absolument pas faire la différence entre le réel et le monde du jeu vidéo. Il bondissait sur mon téléphone telle une araignée sauteuse dès que j'ouvrais mon sac.

Aujourd'hui, c'est un enfant calme, posé, qui écrit son prénom, qui ne parle plus de jeux vidéo, qui ne saute plus sur mon téléphone mais qui apprécie que je le prenne en photo et le filme. Cela lui permet de se voir tel qu'il est par la suite, nous en discutons et facilite l'apprentissage d'une chanson à gestes par exemple. 

Petit à petit, l'oiseau fait son nid. Cet enfant n'est pas encore capable de suivre le programme comme ses camarades. Aussi, avec l'accord de l'enseignante, je reprends les bases de la maternelle avec un niveau de moyenne section ou de petite section par moment car son âge mental est de deux ans/deux ans et demi (âge mental approuvé par la psychologue scolaire). 

 

Pour mon élève de CP par contre, le succès est au-delà de toute attente. L'enfant s'est approprié son hibou à tel point qu'il l'emmène chaque soir chez lui pour dormir avec et en prendre soin. En classe, la mascotte participe à toutes les activités. Et cerise sur le gâteau, les parents jouent le jeu, le cahier est déjà rempli à moitié avec de très nombreuses photos légendées. La famille est non francophone, aussi ce hibou leur permet de travailler le français. Je suis épatée à chaque fois que le cahier revient en découvrant tout ce qu'ils ont fait avec la mascotte, même la fratrie participe. Un succès phénoménal auquel je ne m'attendais vraiment pas !

 

Cette expérience avec des mascottes auprès d'élèves en situation de handicap est concluante ! Je ne regrette pas du tout les heures passées à les tricoter ni les (nombreuses) heures à travailler sur des dossiers pédagogiques afin de les faire vivre pour mes élèves. 

 

En revanche, j'ai deux autres élèves pour qui je n'ai pas mis en place ce projet :

- Un qui est en CM2  (troubles autistiques) et qu'il est hors de question d'infantiliser. Il est complètement autonome et ses heures d'AESH sont amenées à disparaître. 

- Un autre en CP qui est autiste profond et hyper violent, qui détruit tout. J'ai déjà essayé la mascotte avec lui l'année dernière, le pauvre nounours avait fait un vol plané dans la classe. J'ai réessayé cette année, sans plus de succès. Le projet a donc été avorté avec cet enfant qui est d'ailleurs en attente d'une place dans le spécialisé. 

 

Il faut donc bien peser le pour et le contre avec chaque enfant avant d'instaurer une mascotte : penser à tous les tenants et les aboutissants, l'impact que cela peut avoir avec la famille est aussi un point à ne pas négliger. Connaître également nos droits dans le sens ce que l'on a le droit de faire ou ne pas faire. Il n'y a pas de secret pour une bonne entente avec tout le monde : parler de tout avec les enseignants avec qui on travaille et tout faire avec leur accord. Pour mon projet mascotte, j'en ai même parlé en amont avec ma directrice d'école qui est aussi en charge du Pial. Une fois avec l'accord de tout le monde dans la poche, il ne reste plus qu'à se retrousser les manches (parce que personne ne va faire le boulot à notre place) et à prouver que notre idée peut être viable et bénéfique pour peu que l'on s'en donne la peine. 

 

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